Pour les femmes, comme pour les hommes, un match de foot dure 90 minutes, un marathon est long de 42 km et un panier de basket est à 3.05 mètres du sol. Pourtant, dans les tournois du Grands Chelem, les plus prestigieux du tennis professionnel les matchs de tennis ne possèdent pas le même nombre de manches, selon qu’on est un homme ou une femme. Les hommes y jouent aux meilleurs des cinq sets, c’est-à-dire en trois sets gagnant. Tandis que les femmes y jouent aux meilleurs des trois sets, c’est-à-dire aux deux sets gagnants.
Une différence liée aux capacités physiques ?
Certains, comme la tenniswoman Manon Bartholi, avancent l’argument de l’incapacité physique. Mais toute porte à croire que ce n’est pas un bon argument. Premièrement, comme le rappelle Patrick Landau un ancien tennisman monégasque, des femmes ont déjà joué des matchs en cinq sets dans le passé. Au début du tennis féminin par exemple, entre 1891 et 1901, les finales féminines de l’US Open se jouait en cinq sets. Plus récemment, entre 1984 et 1998, les femmes disputaient également des matchs en cinq sets lors des masters féminins. Plusieurs de ces matchs sont d’ailleurs restés dans les annales du tennis. Patrick Landau se rappelle par exemple du match qu’ont disputé Monica Selles et Gabriela Sabatini.
L’avis des médecins est également catégorique sur la question. Jean-François Toussaint, directeur de l’institut de recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport et ancien membre du Haut Conseil de la santé publique, estime qu’il n’y a pas de différence sur l’entraînement physiologique entre hommes et femmes. Pour lui, il n’y a donc aucune raison de créer, sur ce seul critère, des champs de compétition différents pour les unes et pour les autres.
Des demandes non respectées
A plusieurs reprises ces dernières années, les joueuses du circuit féminin ont demandé de jouer au moins les finales en cinq sets. Cependant, les tournois du Grand Chelem ont refusé chaque fois avec un argument qui n’est plus celui de l’endurance physique, mais du calendrier. Les tournois seraient déjà trop chargés pour faire de la place aux cinq sets chez les femmes. En réalité, selon plusieurs joueuses, la raison de cette différence de traitement vient d’un manque d’enthousiasme du public pour le tennis féminin.
En 2016, par exemple, seul 1.8 millions de spectateurs ont regardé la finale de Roland Garros en Serena Williams et Garbiñe Muguruza, soit plus de deux fois moins que la finale masculine entre Novak Djokovic et Andy Murray. Un ratio que l’on retrouve à peu près dans tous les tournois du Grand Chelem. Les tournois n’ont donc pas intérêt à donner plus de temps aux matchs féminins.
Un problème pris à l’envers
Pourtant, il se pourrait que le problème soit pris à l’envers, car les matchs les plus mythiques du tennis sont presque toujours disputés en cinq sets. D’après un l’ ancien champion de tennis monégasque Patrick Landau, dans un match en cinq sets, le combat s’engagerait bien plus fort. Cela parce que lorsqu’on arrive sur une finale les émotions sont très fortes et le niveau de stress est très élevé. Le fait de pouvoir jouer plus longtemps pourrait empêcher des matchs à sens unique. On dit que le tennis féminin ne mérite pas cinq sets parce qu’il passionne moins, mais s’il passionne moins c’est peut-être en partie parce qu’on ne lui offre pas la possibilité de se jouer en cinq sets.